Je suis foutu – EP50
La vie ne se mesure pas par le nombre de respirations que nous prenons, mais par les moments qui coupent le souffle; et même dans l'épreuve, chaque jour est une nouvelle mélodie à jouer.
Résumé de l'épisode:
Pascal a traversé de nombreuses épreuves tout au long de sa vie, notamment des problèmes de santé. Lorsqu'il a été confronté à un cancer, il a choisi de ne pas se laisser abattre. Sa première réaction a été de se tourner vers la musique et les concerts, une passion qui lui a permis de se focaliser sur le présent et d'oublier ses soucis.
Le cancer a été une porte d'entrée vers une nouvelle perspective de la vie pour Pascal. Il a choisi de ne pas laisser la maladie le définir, mais plutôt de se concentrer sur ce qu'il pouvait encore accomplir. Sa force mentale, sa foi en quelque chose de plus grand que lui, et le soutien de sa famille, en particulier de sa femme, ont été ses atouts pour surmonter les moments difficiles.
Pascal a également découvert la puissance de l'empathie envers les autres malades. Ayant vécu lui-même la douleur de la maladie, il est devenu plus compréhensif envers les personnes souffrant de problèmes de santé, et il cherche toujours à les aider et à les soutenir.
Au fil des années, Pascal a réussi à tirer des forces de chaque épreuve de la vie. Que ce soit en se lançant dans de nouvelles formations, en partageant sa passion pour la conduite avec ses élèves, en organisant des randonnées ou en s'impliquant dans des projets caritatifs, il a su transformer les moments difficiles en opportunités de croissance personnelle et de générosité envers les autres.
Sa philosophie de vie est simple : chaque jour compte, chaque moment est précieux, et il est important de rester reconnaissant pour ce que l'on a. À 60 ans, Pascal ne se voit pas comme une personne âgée, mais plutôt comme quelqu'un qui continue à apprendre et à grandir. Sa force intérieure et sa foi lui permettent d'appréhender l'avenir avec confiance, en profitant pleinement de chaque instant.
La parentalité au présent, telle que racontée par Pascal, c'est l'art de puiser des forces dans les épreuves de la vie, de rester ouvert aux nouvelles opportunités, et de cultiver la gratitude envers ceux qui nous entourent. C'est une leçon précieuse pour nous tous, quel que soit notre âge ou notre situation, sur la façon de vivre pleinement et de faire de chaque journée une aventure.
“Un parent parfait, ça n’existe pas” c’est sur ce postulat que Janick Biselx-Menétrey, médiatrice familiale et coach de vie à Martigny, construit “PARENTALITÉ au PRÉSENT”.
Au travers des histoires de chacun·e·s, les schémas longtemps restés logés dans l’inconscient sont mis en lumière, les défis de la vie accueillis avec curiosité et présence permettant de sortir des tabous familiaux.
Au fil des épisodes, les récits de chacun·e·s nous apprennent que nous sommes “assez” et nous inspirent à vivre et laisser vivre avec confiance.
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Lire la transcription de l'épisode
[Texte généré automatiquement]
J'ai appelé mon épouse et je lui ai dit « Écoute, je suis foutu, mais c'est pas sûr. » Donc, il y a toujours « C'est pas certain. » C'est pas parce qu'on nous annonce.
Un cancer- Que c'est la vérité.
Voilà.
Bonjour, je suis Janick Biselx-Menétrey, médiatrice familiale diplômée. Je suis passionnée par le lien relationnel. Je vous propose aujourd'hui, parentalité au présent, un recueil d'histoires plurielles pour une étape de vie singulière. Bonjour Pascal. Bonjour. Quel lien entretiens- tu aujourd'hui avec tes parents ?
Je n'ai plus mes parents, mais je garde un lien très profond, plus avec mon papa qu'avec maman, par rapport à tous mes projets de vie. Chaque fois que je sors un projet, que je réussis une formation, comme ma fille à coucher, par exemple. Ma fille à coucher, oui. Je parle à mes parents, je dis « T'as vu ? Je suis grand- papa, ils sont plus là, mais je pense qu'ils sont là.
Et.
Ça aide. Ça aide à avancer dans la vie. Ça manque énormément parce qu'on aimerait leur dire « Tu as vu ? J'ai réussi. Tu as vu ? Je suis grand-papa. » On peut pas, mais ils sont.
Quand même présents. Tu viens de me dire que tu.
Le faisais. Oui, mais ils sont pas là. On aimerait aller vers eux, les prendre dans les mains. C'est un gosse. Quand tu es activa.
Et en même temps, tu le fais quand même. Et quand tu le fais, comment tu te sens, en fait ?
Avec beaucoup d'émotion. C'est une émotion qui est très, très forte. Je peux aller jusqu'aux larmes.
Quand tu te dis « Tiens, là, j'ai envie de communiquer avec... Tu dis que c'est plus son papa, c'est ça ?
Plus le papa. Parce que mon papa m'a appris à bricoler, à travailler, à me développer dans la vie par rapport au sport, par rapport à ma profession. Maman, c'était plus une éducation formelle. Donc j'ai gardé un lien un peu plus affectif avec papa qu'avec maman, par rapport à un peu plus de liberté et de maturité « masculine », sans sexisme aucun.
C'est vraiment ce lien qui te... C'est comme si c'est lui qui t'avait relié à ce qui te fait vivre aujourd'hui, c'est ça ? C'est pour ça que t'as...
Tout à fait. J'ai énormément de fierté pour mon papa qui était d'origine étrangère, qui est venu ici dans les premières vagues d'étrangers qui venaient travailler en Suisse. Et il a voulu absolument être inclus dans le pays, sans apprendre sa langue étrangère, pour qu'on soit comment dire ? Il ne voulait pas être redevable à la société. Donc, il nous apprenait à travailler, à respecter les gens, à gagner sa vie en travaillant, pas sans rien faire, tout simplement. Et chaque chose que je fais à l'heure actuelle. Dernièrement, je viens de créer un petit atelier pour moi. Je pense à lui parce que c'est lui qui m'a appris à couper du bois, à clouer des planches, à visser, à dévisser, à travailler, à utiliser mes mains. Et ça, j'ai énormément de respect pour lui. Ce que j'ai aussi pour maman quand même. C'est pas juste la différence.
Il y a une forme de gratitude, une gratitude qui est très, très puissante.
Tout à fait. J'ai toujours le sentiment que quoi que je fasse, il est là à me dire « Waouh, vas-y, continue.
» Ça te pousse en avant.
C'est ça ? Je peux parler de mon âge, mais en 60 ans, mon père en aurait environ 90. J'apprends toujours et je fais toujours des projets. Je n'ai pas la pression d'avoir de la retraite dans cinq ans, pas du tout. Au contraire, je fais encore des projets pour faire d'autres choses.
Ça, tu l'attribues à la force de ton papa, à cette envie de vivre. Oui, parce.
Qu'après la retraite, il travaillait toujours avec son petit jardin et ses petits... Il bricolait énormément. Ça, j'ai vraiment retiré de papa. Ça, j'en suis très fier. Je suis fier de lui surtout.
Fier de toi quand on a un petit peu.
Oui, quelque part. Pas ricoché. Je prends un exemple également sur mes beaux- parents. Mon beau- père est décédé. Il construisait des murs en pierres sèches. Je me rappelle qu'à 82 ans, 83 ans, au lieu de poser 30 pierres par jour, il en posait six, mais déposés. Donc, il faisait son mur. Et ça m'a donné aussi l'image, pour ce qui est à travers mon beau- père, de continuer de me dire « J'ai 60 ans, mais pourquoi je m'arrêterai ? » Et j'espère ne jamais arrêter de travailler.
Que ça se modifie comme ton beau- père qui a réduit son nombre de pierres, mais continue à être dans un mouvement, continue à être dans un élan.
J'ai eu un passé professionnel qui est assez lourd par rapport à ma santé, mais ces expériences ont permis de continuer à avancer, voire de plus belle.
Quelles expériences ?
Avant, j'avais un travail de sellier, je travaillais le cuir. Je réparais souvent des bâches de camion, je faisais quand même des travaux lourds. Et puis mes ennuis de santé m'ont obligé, il y a une vingtaine d'années, à arrêter de travailler par rapport à la santé, de faire une reformation professionnelle. Ce n'est pas un choix.
Et en même temps, tu disais que ces ennuis de santé, ils t'avaient apporté ? C'est ça que tu as dit ? Ils t'ont apporté quoi, en fait ?
Ils m'ont apporté que ce n'est pas parce qu'on est malade, par exemple, si on ne peut plus faire du vélo, ce n'est pas grave, on va marcher. Si on ne peut plus marcher, on fera autre chose. Il y aura toujours une activité. Si on n'a pas les les jambes, on a encore les mains. Si on n'a pas les mains, on a encore les jambes. On peut toujours continuer. Je n'ai jamais abandonné tout ce que j'ai fait dans la vie. Je l'ai fait à fond et j'ai des personnes de mon entourage qui me disent très souvent « Mais toi, tu es incroyable, tu fais tout tout de suite. Il faut tout faire à fond dès le moment où tu as un but, tu vas jusqu'au bout. » Oui, et je peux dire que j'ai eu huit ou 10 vies. Je n'en prie pas. En une ? En une. J'ai pu faire de... J'ai fait à l'époque la Philatelie, j'ai été collectionneur de modèles réduits en miniature, j'ai été fan d'une chanteuse que j'aimais beaucoup, que j'ai eue à cinq ans de concert, je l'ai fait. Mais chaque fois, c'est des étapes différentes. J'ai été animateur de radio, j'ai été animateur de mariage.
Et maintenant, je recommence mon ancien métier de sellier. J'ai envie de relancer un petit peu ce métier, mais en faisant des petites choses qui correspondent à mon physique.
Magnifique. C'est magnifique. Et cette force de vie, comment tu fais pour la cultiver ou vraiment parce que j'imagine qu'il y a des jours où ça va moins bien.
Oui, il y a des jours où ça va moins bien, mais je suis marié depuis 38 ans. Ouh là là ! Pardon.
Ça a passé vite ou bien ?
Très vite. Sans mon épouse, j'en serais pas là. Ça a été le pilier, ça a été ma force. Chaque fois que j'aurais pu baisser les bras, j'avais eu des gros problèmes de dos. J'avais été opéré en 2005. En 2007, j'ai dû refaire une formation. Je suis le moniteur de conduite. C'est un métier dont je rêvais déjà depuis plusieurs années. C'est marrant, mais la santé a fait que j'ai pu me lancer dans une profession que j'aime et que je pratique toujours et j'espère aussi ne pas l'arrêter. Mais chaque fois que j'ai eu des baisses de morale, des chutes, des ras-le-bol en français, vraiment des grands ras-le-bol, ma femme me relevait. Elle m'a toujours soutenue.
Elle faisait comment ? Comment elle s'y prenait ?
Très dure.
C'est-.
À- dire ? Très dur. Un jour, je lui ai dit, mais là, je ne le cache pas, je suis parti à Nada faire un tour en voiture, en vallée, dans les montagnes. Et puis je suis parti à pied et j'ai appelé mon épouse en lui disant « Écoute, je ne sais pas si je vais rentrer. » Et puis elle m'a raccroché au nez en me disant « Tant pis, bonne soirée. » Donc ça a été un électrochoc en disant « Mais qu'est- ce que je suis ? Imbécile. » Je ne parlais pas du tout de suicide ou je ne sais quoi. J'avais juste un ras- le-bol, j'avais envie d'être seul, j'avais envie de m'éloigner. Puis en fait, je me suis aperçu que trois ou quatre heures sans elle, sans pouvoir communiquer, c'était la fin du monde. Et le soir, j'arrivais vers elle, j'avais les larmes en bas, je me couchais. Elle me dit « Mais il faut arrêter d'être trop sensible, il faut y aller, il faut avancer. » Elle m'a toujours poussé, boosté, boosté, boosté, boosté. Et je me suis aussi créé une carapace en me disant « Un jour, si elle tombe malade, je suis prêt à finir ma vie avec elle et à l'assister.
Je ne souhaite pas du tout que ça arrive, mais je suis prêt.
Comment « à finir ma vie avec elle » ? Tu veux dire à l'accompagner.
Jusqu'au bout ? À l'accompagner jusqu'au bout. Celle qui veut me lire, paralysée, elle fait par exemple, une attaque cérébrale ou autre, moi, je serais le premier à m'occuper d'elle le matin, le soir, à ralentir mon travail pour être avec elle. Je vois pas ma vie sans elle. J'ai une énorme gratitude vis- à- vis d'elle parce qu' elle m'a toujours soutenue. Elle a beaucoup de mérite, peut- être plus que moi. Je resterai jamais, j'espère, à jamais rester inactif. Il y a deux ans, si je peux en parler, j'ai fait pas mal de randonnées pendant sept ou huit ans, selon les années, et il y a deux ans, quand on a eu le Covid, j'ai dû stopper mon activité quelques mois par obligation et je me suis remis à marcher. J'ai même fait, au mois de septembre 2020, le Tour du Mont-Blanc, au fond, au solo, en neuf jours. C'est une randonnée de 170 kilomètres avec un dos qui est à moitié foutu, mais j'y suis arrivé quand même. Et je l'avais fait pour Serre et Bralvalais en récoltant des fonds pour les handicapés. Et là, ça fait encore partie de cette vie où on a envie de faire plaisir.
J'ai toujours envie de faire plaisir. Et quand on tombe malade, parce que mis à part l'opération Dudo, j'ai eu un petit crâne, j'ai eu un petit cancer, une dizaine d'années. Quand ça nous arrive sur la figure, on a envie d'être encore plus généreux, d'assister, d'aider les autres et surtout de croire à la maladie des autres.
Comment de croire à la.
Maladie des autres ? On a souvent dans cette société des gens qui souffrent, mais qui ne sont pas reconnus. On les voit, c'est des gens qui ont très mal au dos. Moi, j'ai eu très mal au dos pendant des années. J'ai été opéré en clinique pour une greffée des lombaires. Donc, j'aurais pu devenir paralysé. Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qui aurait pu m'arriver, mais quand j'avais mal au dos, j'avais beaucoup de critiques négatives, des gens qui pensaient que je cherchais l'assurance à validité, que je n'avais pas envie de travailler. Et puis, en fait, c'est tout un moment le contraire. Et maintenant, quand je vois quelqu'un de malade, je le crois.
Et.
Puis, on a envie de les aider. On a envie d'être beaucoup plus humains. On comprend les gens et on devient beaucoup moins critique.
C'est vraiment le soutien, en fait. Ce que tu dis, c'est vraiment d'être à l'écoute et de... Tout à fait.
J'ai eu un énorme privilège en étant malade, d'avoir du temps. Et ce temps, même que j'avais mal, je le donnais à d'autres personnes. Je suis suivi, par exemple, un ami qui était en fin de vie à cause d'un cancer des os. Je suis resté cinq, six mois avec lui. Tous les jours, j'allais à l'hôpital, je restais une heure avec lui, même qu'il était souvent fin, qu'il ne comprenait peut- être plus. Il y avait la présence de Dieu. Simplement. Donc, je me dis, celui qui tombe malade, il est pas foutu. Il vit différemment. Je pense que quand on tombe malade, c'est comme un couple qui a vécu libre et se retrouve avec un enfant. Ils se disent « Mon Dieu, qu'est- ce qui va m'arriver ? » Puis après, la vie continue. Avec l'enfant, différemment, mais avec l'enfant. La vie est belle. Et quand on tombe malade, je pense que c'est pareil. On a un élément qui fonctionne moins bien en emploi que les autres.
Quand tu causes d'enfance, tu causes comme si c'était un adulte qui était pas complet, c'est ça ?
Oui.
Tout à fait.
C'est juste.
Et puis quand tu causes de couple, c'est quoi ? C'est toi avec toi- même ou c'était dans le vrai couple avec ta femme ?
Non, je prends tous les gens en général. Souvent, quand on est jeune, on a 22, 25 ans, 30 ans, je vois. Si je prends l'exemple de ma fille, ils ont décidé d'avoir un enfant. Mais avant d'avoir un enfant, on sort, on va dans des festivals, on va dans des fêtes, on va s'amuser, on vit, on respire. Et tout d'un coup, paf, on a un enfant. Il faut s'en occuper, il nous réveille la nuit, il faut quand même travailler, il faut gérer la vie différemment. Mais c'est une nouvelle étape de la vie. On a peur de ces nouvelles étapes, ce qui est belle finalement.
Quand je parlais de ma santé avant, entre mon métier de sellier et de monitor de conduite, c'était deux mondes différents. Mais qu'est- ce que je suis heureux avec mon nouveau métier C'était très dur de refaire une formation. J'avais 45 ans, il fallait remettre la tête dans les livres, faire de la psychologie, faire du droit, de la méthodologie. C'était difficile, mais j'ai fermé les yeux en disant maintenant pendant un an, parce que c'était une formation accélérée, pendant un an, je travaille pour l'avenir, pour maintenir notre famille. Mon épouse avait recommencé à travailler à l'époque pour subvenir à nos besoins. C'était quand même pas mal de perte de salaire, c'était difficile. Et puis on a rebondi.
Toi, t'as vraiment fait de toutes les opportunités que la vie t'a mis sur la route, t'en as fait des forces. Oui, c'est des forces. Ça t'a renforcé à chaque fois C'est.
Marrant parce que je suis très sensible. Je peux avoir les larmes pour un rien, mais j'ai énormément de mental. Quand je parlais du Tour du Mont-Blanc avant, avec un sac de 17 kilos sur le dos en étant opéré du dos, les gens qui me rencontraient durant ce Tour savaient que je faisais ça pour une association, parce que j'avais bien mis ça sur mon sac pour récolter des fonds. Ils me disaient « Mais vous êtes sûr que vous allez arriver au bout ? » Je n'avais aucun doute. Absolument aucun doute et je suis aligné. Je vais pas te faire une chute, mais le mental m'entraîne.
C'est le mental ou c'est la foi ?
Peut-être la foi. Sans doute la foi. Je suis croyant. Pas pratiquant, mais je suis croyant.
Parce que la force, tu l'as prise où pour faire ton tour du Mont-Blanc ? En Dieu. Oui, mais du coup, dans ton moteur intérieur, il est où ?
Je sais pas. C'est très difficile à répondre. Mon épouse, mon entourage, mon passé, ma santé. Et puis, lorsque j'ai fait le Tour, j'avais prévu de faire sept, huit ou neuf jours de marche en solo. C'était mon petit but parce que je m'étais entraîné durant le Covid. J'avais fait plus de 1 000 kilomètres à pied. Et puis, un jour, on s'est retrouvé en famille avec mes beaux- parents, ma belle sœur. Et puis, le monde est petit. Je dis « Je vais faire ce Tour du Mont-Blanc, j'aimerais bien en même temps, pourquoi pas joindre une association caritative ? » Et puis, ma belle- sœur m'a dit « Moi, j'ai travaillé à Cérébral Ballet » et c'est parti comme ça. Et je suis allé les voir. M'ont-ils cru ou non ? Je ne sais pas. J'espérais récolter 500 francs ou 1 000 francs de fond et j'avais récolté 12 000. Je ne veux pas de bravo. Le bravo, c'est mes anciens élèves conducteurs qui sont en apprentissage, 500 francs par mois et qui ont réussi à me verser 200 ou 300 francs. C'était inimaginable. Les jeunes, ils ont joué le jeu avec ça que par les réseaux sociaux. Un réseau social peut être très intéressant s'il est bien utilisé.
Et là, je l'ai utilisé à bon escient.
C'est là qu'on voit ce que toi, tu offres à tes élèves ?
Tu vois ? Sans doute.
Ça s'est matérialisé.
Ça s'est matérialisé, exactement.
Et puis, ils.
Savaient que- C'est mon plus beau salaire. Le plus beau salaire, c'est ça. C'est la reconnaissance des élèves après pour ce genre de choses.
Oui, pour ce genre de choses et puis aussi pour leur vie future. Parce que quand ils auront... En général, ils passent quelques heures avec toi dans une voiture pour apprendre à conduire. Et c'est des heures qui... C'est des moments qui restent.
On n'a jamais le temps de se disputer parce que c'est trop court. Mais c'est.
Quand même, moi, si je repense à mon permis de conduire, c'est des moments qui restent imprimés dans...
Oui. Je me souviens du mien, absolument. C'est fou. Je me rappelle de mon moniteur. C'est vraiment... Les petits bizarres gueulés. C'est vrai que ça reste. Ça reste, oui. On fait partie d'une des étapes de la vie, de chaque jeune.
Tu es vraiment dans un passage, dans un...
Ce qui est extraordinaire, c'est que les gens qui font plus de bouche à oreille sont ceux qui loupent tout le temps. Parce qu'on a une deuxième approche lors d'un échec. Et c'est une approche qui est très, très enrichissante.
Et.
Ma fille, depuis la première fois, elle m'avait dit « Papa, il faut qu'on loupe tous. » J'ai compris.
Et en fait, on peut faire le lien aussi avec la maladie. Est-ce que tu pourrais faire ce même lien avec la maladie ? Quelque part, c'est un couac dans notre vie, comme si on loupe. Et en fait, tu vois la loupe, louper, on loupe, et la loupe, vraiment aller faire la loupe. Et du coup, alors, toi, tu as fait comment la loupe chaque fois que tu as eu un couac dans ta vie ?
Un exemple, quand j'ai eu ma tumeur en 2012, je suis sorti de l'hôpital, j'ai loupé la porte d'entrée de l'hôpital. Je suis arrivé à la figure de dent, parce que j'étais en état de choc. C'est vraiment en état de choc quand on vous annonce... Pour moi, c'était la dernière page du livre qui était en train de se fermer. Et puis, ça dure une heure. Je n'ai même pas pu appeler mon épouse. Je n'y arrivais pas. C'était impossible. Je ne savais plus où j'étais. Je me suis enfermé dans un local. Dans mon local, dans mon local. Je suis resté là, complètement immobile, à réfléchir et à réfléchir. Après, je dis, mais c'est quoi cette espèce d'imbécile ! » et je me suis traité d'imbécile de gros. Je ne donnerai pas le nom. J'ai appelé mon épouse et je lui ai dit « Écoute, je suis foutu, mais ce n'est pas sûr. »donc il y a toujours, ce n'est pas certain. Ce n'est pas parce qu'on nous annonce.
À la concert. Que c'est la vérité.
Voilà. J'étais assez fan d'une chanteuse que j'aime beaucoup. Et puis je me suis dit, il faut que je trouve un moyen de me sortir moralement de cette histoire. J'avais mon épouse toujours. Mon épouse, je vais à 18 endroits différents, rencontrer 18 fois des gens différents. Il y a un avant- concert, il y a un après- concert, il y a la nuit à l'hôtel, il y a le lendemain, il y a le petit déjeuner. On rencontre des gens, des Allemands, des Hollandais, des Français, des C'est des Espagnols de tout pays qui viennent pour la même raison. Et puis ça a été très enrichissant. Et pendant que je faisais ça, je n'avais strictement pas le temps de penser à ce qui aurait pu m'arriver. Et ça m'a toujours boosté. Et je pense que j'ai toujours fait ça pour aller de l'avant.
Tu as vraiment mis ton énergie... Ta pensée, elle était vraiment... Sortie de la maladie. Sortie de la maladie. Tu n'y pensais pas. Non. Tu n'as pas nourri, en fait. Tu n'as pas nourri.
Ce crâne. Tout à fait. Tu ne.
L'as pas nourri du tout, mais toi, tu as nourri cette envie d'avancer.
Je m'endormais tous les soirs en musique avec la musique de cette chanteuse ou d'autres chanteuses qui ont le même style de musique, qui étaient très jazz, très blues et très calmes. Et puis ça me permettait de m'endormir simplement. Tout le typhon de la musique, c'est tout.
J'ai eu des premières nuits, les premières nuits, c'était dur, mais on peut toujours passer dessus. Après, je reconnais aussi que j'ai eu, je dirais, de la chance, oui et non, parce que la chance, il faut aller la chercher quand même. Elle vient de tomber par du ciel, il faut aller la chercher. Mais j'ai quand même eu de la chance de ne pas avoir pire. Je ne sais pas comment j'aurais vécu si on m'avait annoncé le pire. Je ne sais pas. Je ne sais pas si on m'annonce demain qu'il me reste deux mois ou six mois à vivre, comment je vais réagir ?
À ton avis ?
À mon avis, je ne vais pas faire de voyage. Je vais aller dans la nature, simplement. Je ne vais pas aller à un endroit, à Miami ou je ne sais où. Non, ça ne m'intéresse pas. Je pense que j'irai promener sur toutes les montagnes environnantes.
Et tu vas vivre une minute après l'autre. Voilà.
Et puis avec mon petit fils.
Ça, c'est aussi une de mes raisons de vivre qui boostent. Ça booste énormément. Et des fois, j'analyse, j'ai 60 ans cette année, dans mon cerveau, il y a eu un énorme électrochoc en me disant « Ouf, enfin, bientôt la retraite. » C'est vrai que le chiffre 6 m'a annoncé la retraite, clairement, en me disant « Dans cinq ans. » Ouf, j'ai fini. Quand j'ai discuté avec mes amis, j'ai dit « Plus que cinq ans. » Ou encore cinq ans, des fois, je dis « Encore, parce qu'il faut se lever le matin, il faut aller travailler. » Mais je n'arrive pas à imaginer dans ma tête que j'en ai 60, ce n'est pas possible. Quand je me dis « Je me lève le matin, je peux attacher mes chaussures, je peux courir les escaliers, je peux encore vivre, je peux marcher, je peux vivre. » Je n'ai pas.
60 ans. T'as quel âge ?
J'ai 60, mais j'ai 45.
Oui.
Mais t'as 40 ans. J'ai 48. Je ne mets pas de 50 parce que 50, c'est déjà âgé. C'est juste avant 50. Les belles années, je pense que dans une vie, les plus belles années se vivent entre 35 et 55 ans. Je fais partie des temps mâlots, des mâles partout, un petit peu. On a un peu plus de peine à se lever le matin. Il me faut une heure avant que le dos fonctionne vraiment bien le matin. Une fois que la machine est lancée, c'est fabuleux. C'est là que je me suis dit « Je ne suis pas vieux ». Ma femme m'a fait un jour une remarque qui était très poignante, c'est grâce à elle que j'ai fait le Tour du Mont-Blanc. Le 1ᵉʳ avril 2020, on venait d'arrêter de travailler. Ça faisait 15 jours qu'on ne travaillait pas à cause du Covid. Je voyais mon chiffre d'affaires plonger. Ça veut dire qu'un jour sans travail, c'est trois jours de salaire à la poubelle. C'était ça en indépendant, les gens ne se rendent pas compte. Et après dix jours, je me dis « Voilà, j'ai déjà perdu un mois plein de salaire. » Je commençais à faire calculer mes chiffres et là, le moral prend une scousse.
Et ma femme me dit « Le 1ᵉʳ avril 2020 va marcher ». J'ai éclaté de rire. Je lui ai dit « Écoute, j'ai 58 ans. Je suis bien trop vieux pour aller faire ces conneries ». Je lui ai dit « Carrément, ça comme ça ». Elle me dit « T'as jamais vu des personnes de 75 ans, 80 ans marcher en montagne ? » Le même après- midi, je suis allé racheter des souliers vu que les miennes étaient usées. Et le lendemain matin, j'ai commencé à marcher et ça a fait qu'en 2020, j'ai fait 52 jours de randonnée. Et grâce à elle de nouveau. Donc finalement, j'étais pas vieux.
Elle marche aussi ? Elle marche aussi, oui. Vous allez les deux ?
Je vais les deux tiers du temps seul. Je fais des randonnées de cinq à heures. Cette année, beaucoup moins, mais on va souvent ensemble, elle adore ça aussi. Et on part avec un petit sac à dos. On est tombé en Suisse avec un cerf- volant. Ça suffit. On s'est compris.
Et quand tu disais avant, tu disais, tu sais, au tout début, quand tu l'avais appelé pour lui dire que tu ne savais pas si tu allais rentrer, puis que tu t'es rendu compte que trois ou quatre heures sans communiquer avec elle, c'était vraiment difficile. Et puis là, comment tu as fait ? Comment tu fais quand tu fais tes randonnées de cinq à huit heures ?
Je lui téléphone.
Tu lui téléphones ?
Oui, toujours. Elle me dit toujours, quand tu pars marcher, tu n'oublies pas de m'avertir, tu me vertir, de me dire où tu es. Parce que des matins, je lui dis, écoute chérie, je vais prendre un exemple sur les dents du midi, puis je me retrouve au 4 h00 de nuit. Parce que j'ai décidé le matin à 4h30, 5h00 en me réveillant, je pars très, très très très tôt, avant le lever du jour, je me dis « Non, aujourd'hui, je vais là. » et je change d'avis. Et vers 8h00, quand je commence à marcher, j'ai fait une heure ou deux heures de marche, je lui ai envoyé un petit SMS.
Pour lui dire où tu es.
Et quelque chose d'extraordinaire, c'est qu'elle fait partie intégrante de chacune des marches. Je l'ai fait il y a, ça fait six ou sept ans. Toujours avec ce dos, il faut toujours comparer, voir mon dos pour comprendre que quand je monte à 3 000 mètres, c'est un exploit. J'ai fait la haute cime, 3 200 mètres, 55 mètres, je l'ai dans le demi- dit, la plus haute des sept dents. Je suis arrivé en haut, mais en état de décomposition, j'étais épuisé, mais j'y suis arrivé. J'ai appelé mon épouse. J'étais incapable de lui parler. Je sanglotais tellement j'avais de l'émotion. J'étais complètement transe de dire « Tu te rends compte ? Je suis arrivé en haut. » Je voulais qu'elle le sache. C'est la seule personne qui a su.
En dehors de ton papa qui était à côté. Tu l'auras bien.
Convoqué aussi. Des fois, je dis à papa, tu es fier.
Il te pousse, c'est pour ça que t'arrives. Oui, oui.
Quand j'ai fait le Tour du Mont-Blanc pour Serra- et- Brane-Valais, là, c'était vraiment les personnes à mobilité réduite qui dans ma tête, je me disaient « Allez vas-y, encore un petit effort, c'est pour nous. » Et chaque pas que je faisais, je le faisais pour eux et c'est eux qui me donnaient la force. C'est magique. Et je pense que d'avoir fait en faveur d'une association, ça m'a donné des ailes pour y arriver.
C'est fabuleux. En tout cas, moi, ça me pétite partout. Ça me- C'est bien. Ça me fait un effet. C'est tellement touchant ce que tu racontes.
Et puis, je ne suis pas fier. Il n'y a pas de fierté. C'est gratifiant, c'est très gratifiant. J'avais une dessinatrice, une ancienne élève qui faisait du dessin, qui faisait de temps en temps des petits dessins pour les réseaux sociaux, qui me disaient... Elle me mettait des dessins avec des petites anecdotes et chaque fois, ça me faisait rire parce que je publiais ça sur les réseaux sociaux. Ça faisait rire les gens, mais en même temps, le fait de rire, ça me boostait, ça me faisait continuer. Mon petit fils m'a beaucoup aidé également sur le Tour du Mont-Blanc. Il avait trois ans et je m'étais imaginé, j'étais parti depuis Champaign-Lac. Je m'étais imaginé le retour à Champaix avec mon petit fils qui arrive et qui me saute dans les bras. Et il m'est arrivé de pleurer, de penser à l'arrivée. J'avais les larmes parce qu'en marchant, on passe du rire aux larmes, on se laisse aller, on est avec nous- mêmes. Et je suis arrivé à Champaign, il était là, il m'a couru dans les bras.
La vision qui s'est réalisée. Tu as nourri tout de suite cette vision. J'ai nourri cette vision.
Et puis aussi le groupement de Cérébrale Ballet qui était venu avec trois personnes en mobilité réduite pour m'accueillir également. C'était des sauts, ça a été des larmes, beaucoup de larmes, mais des larmes de...
De gratitude. De gratitude, oui.
C'était.
Merveilleux. Ça t'est bon comme maintenant. Oui, c'est magnifique.
Mais c'est vrai que je regarde souvent les photos, les photos que je regarde de ce Tour qui a marqué ma vie, parce que ça fait partie des cinq plus beaux instants de ma vie. Ce Tour de Montmartre m'a vraiment fait partie, j'en parle beaucoup, ça fait deux ans maintenant. Je regarde des photos, je regarde des dernières photos. Je regarde les dernières photos. Je regarde les gens, je regarde les gens, je serai pas le malin et je regarde mon petit fils que j'ai dans les bras. C'était mon salaire. Ça, c'était mon vrai salaire d'arriver et puis d'être arrivé en bon état. Et puis, il y a eu la foi. La foi, il y en a eu parce que que ce n'est pas possible d'arriver haut. Cent fois, on n'arrive à nulle part. C'est-à-dire, je demandais souvent à Dieu, je disais, mais je demande pas que ça soit facile. Je demande juste de ne pas souffrir. Et je n'ai pas souffert. C'était dur, j'ai galéré. Le premier jour, j'ai fait la fenêtre d'Arpète. C'est un bagage qui est lourd, c'est une montée qui est difficile. J'avais 17 kilos sur le dos. J'avais envie d'abandonner. Les quatre premières heures, on a envie de tout envoyer péter et de rentrer à la maison.
Tu vois, il y a mi- tour de dire « Tant pis, je me suis cassé une jambe de mentir en disant « Je me suis cassé une jambe, je ne peux pas aller plus loin. » »Mais non, j'ai quand même continué. Et une fois que j'ai passé cette fenêtre d'Arpète, j'ai fait le plus dur au début. Après, c'était le paradis.
Après, c'était bon. C'est comme si tu étais passé dans un goulet, c'est ça ?
Voilà. Il y a les trois premiers jours, on a beaucoup de fatigue, puis le quatrième, cinquième, on s'améliore, le sixième, on est très bien, le septième, c'est le paradis, puis le neuvième, le dernier jour, c'est un peu le moral qui chute parce que ça va s'arrêter.
Il.
Faut revenir sur terre.
Oui. Mais tu vois, c'est quoi la différence entre souffrir... Tu vois, t'as dit, j'ai demandé à pas souffrir, mais en même temps, tu dis ça a été très, très dur ?
Ce qui est dur, je pense qu'il y a une grande différence entre souffrir et avoir de la douleur. La douleur est instantanée, elle passe après un moment. Le matin, je partais, j'avais mal au dos. Ça va aller, c'est bon, ça va aller. Dans 20 minutes, ça va aller mieux. Au bout d'un moment, j'avais une petite ampoule dans un pied. Je me suis dit « C'est pas grave, dans une heure, ça ira mieux. » Et chaque fois, je repoussais le problème en disant « Ça ira mieux. » J'arrivais toujours à dire « OK, je vais me dépasser quelque part. » C'est se dépasser. Mais j'arrivais et c'est fabuleux parce que ça marche effectivement, ça marche. Je voyais le sommet d'une montagne, la montagne de 1700 mètres, encore tout ce mot, c'est affreux. Mais je dis « Mais qu'est- ce que je vais être content quand je serai en haut ? » Et tout d'un coup, on a honte. « Oui, j'avais raison de penser ça.
» Vous changez. En fait, c'est juste de changer ta pensée.
Oui.
Quand tu voyais que tu nourrissais du négatif, tu le transformes en positif.
En positif. Et je pense que ça fait énorme. C'est énorme, c'est le moteur. C'est un moteur complet. Et je plaisantais. Même quand j'étais malade, j'avais mal au dos, ça tombe, je disais « Ça va le dos ? Le genou ? »« Non, j'ai pas envie de bosser, je cherche ça ailleurs. »« Qu'est-ce que c'est marrant de rien faire puis d'aller très bien dans les bistrots après.
»tu tournais en dérision ?
Je tournais en dérision.
Je.
Me faisais une auto, j'étais auto- dérision.
Par rapport à toi- même ? Par rapport à.
Moi- même. Et puis je me marrais, ça me faisait rire. Ouais.
Mais tu vois la différence entre, t'as dit, entre la souffrance et la douleur, c'est ça ? Oui.
La souffrance, je pense qu'elle peut être continue, elle peut être mentale, elle peut être physique, mais continue. J'ai vu souffrir mon père. Il est mort après une attaque cérébrale. Il avait un appareil à oxygène sur le visage pendant des mois et des mois et des mois. Je l'ai vu mourir en souffrance, en douleur, mais en souffrance. Il avait pas de répit.
Avec la.
Douleur, on a du répit. Parce qu'à Sabran, on a mal trois jours. Après, on prend des médicaments, on n'a plus mal. La souffrance, on la garde. Et je pense que la souffrance morale, ça doit être pareil. J'aime bien dire « ça doit être pareil » parce que j'ai... Tu l'as... Je sens, je n'ai jamais vécue. C'est un instant, on a un coup de blouse. Mais un coup de blouse, voilà, ça disparaît après.
Je.
Plains les gens, je plains... Complètement, j'ai des gens de mon entourage qui sont en dépression.
Ça.
Doit être catastrophique d'avoir toujours ce mal- être. La souffrance, c'est une dépression. La douleur, c'est un coup de blouse. Le lendemain, ça passe. Je fais comparer comme ça. Oui. Il faut juste aimer la vie. Je n'ai pas peur de la mort et j'ai très peur de la mort. Je sais que je dois partir, mais je ne suis tellement pas pressé. Tellement de choses à faire, bien encore. D'abord, recréer un atelier de mon ancien métier, c'est un étrange truc. Je refais un atelier. Peut-être que je vais quasiment jamais travailler, ce n'est pas important. Je refais mon atelier. C'est tout neuf. Je fais des projets. Je vais remettre mes petites pierres comme mon beau- père en place.
Qu'est-ce qui pourrait t'arriver de pire le jour où tu devras partir ?
De pire ?
Oui. Parce que tu dis « Je n'ai pas peur de la mort, mais j'ai très peur de la mort. » Qu'est-ce qui te fait comme ça peur ?
Je sais que j'ai un âge où ça peut me tomber dessus très rapidement, comme tout le monde, même à 20 ans.
Même.
À... J'espère quand même qu'on me donne... J'espère pas partir avant 75. Pourquoi ? Parce que j'ai envie de faire encore plein de choses, d'aller promener avec mon petit fils, de faire mémé, de garder mon métier, j'espère aussi après la retraite, de faire encore des choses.
De se.
Réveiller le matin, puis dire « Aujourd'hui, je vais faire ça. » Là, ça fait depuis le début août que j'ai transformé mon petit atelier. Je n'ai pas pris un jour de repos, mais d'aller dans l'atelier, de transformer, c'est du repos.
Ok, parce que vraiment, ça te nourrit et ça te fait du bien et c'est ce que tu aimes.
J'ai discuté avec mon épouse, encore hier, de ça. Je lui ai dit « Mais je ne t'embête pas d'être toujours dans ma cave à faire cet atelier ? » Elle me dit « Mais tu n'es pas au bistrot, tu n'es pas couchée dans la télé. Tu es là, tu fais quelque chose de ta vie. » Elle est très bosseuse, elle est très travailleuse.
Elle voit que ça te fait du bien. Tu arrives quand même à t'arrêter de temps en temps ?
Oui. Quand on part en week- end, par exemple, on a fait dernièrement un petit week- end de dessin de quatre jours, on n'a rien fait à part manger, boire un apéro le soir, boire une petite bouteille.
Les deux.
Se promener. S'asseoir sur une terrasse, regarder le lac. Rien faire, se promener, visiter, visiter des champs, des trucs comme ça. On aime bien bouger. On a fait quelques voyages au Canada comme ça, mais là, on a tellement de belles choses. Et là, j'ai déjà prévu, ma femme ne sait pas encore, pour le week- end du 25-26 novembre, on va partir en Suisse, je ne sais pas dans quelle ville, passer trois jours. Je ne sais encore pas quelle ville, mais elle aura une surprise. C'est de casser la routine. Pas des week- ends, pas des trois jours, pas des jours ici. Trois jours, on le fait quatre ou cinq fois par année. Sans savoir où on va, ce n'est pas important. On peut très bien prendre un exemple, habiter Lausanne et puis aller à Nyon pendant trois jours. Ça, c'est pas important.
C'est changer d'air.
Changer d'air, voilà. Se promener beaucoup à pied, à pied. Bannir la voiture le plus possible. C'est mon travail, donc j'en ai pas besoin le reste du temps. Je m'en fiche de la voiture, dur. Ça passe en deuxième plan.
Est-ce que je reviens sur cette peur de mourir ? Est-ce que ça serait d'avoir l'impression que tu n'auras plus rien à faire après ?
Je pense qu'il y a beaucoup de choses après. Je suis persuadé qu'il y a beaucoup de choses après. Quoi, je ne sais pas ?
Je ne me pose pas trop de questions. Parce que par rapport à cette mort aussi, je m'interrogeais quand tu disais que ta femme, c'était ton cœur là. Si son cœur à elle cesse de battre, qu'est- ce que va devenir Pascal ?
Pascal, il va sans doute retrouver une campagne. Parce qu'on en a tout à fait- Tu vois toujours en fait- On en a discuté depuis qu'on est marié, on a toujours dit- La vie continue. -qu'il m'arrive quelque chose, il faut absolument continuer. Je me vois partir avec une autre dame continuer ma vie. Pas les trois mois qui suivent, sans doute. Il y aura une chagrine, il y aura une chute en vie. Mais je ne vois pas du tout la vie s'arrêter en « Oh, je vais devenir vieux, je ne peux plus aller dans cette chambre. Pas du tout.
Je ne suis pas matérialiste. C'est comme tu disais, ta chanteuse était épouillante en oxygène.
En oxygène. Pendant la maladie.
Mais maintenant, tu l'écoutes moins. Tu l'écoutes toujours.
J'aime moins ce qu'elle fait maintenant.
Alors je m'accroche à ce que j'écoutais. Tu écoutais les.
Anciens tubes. Oui, j'écoute les anciennes chansons. Et quand on la voit apparaître sur un réseau social ou comme ça, qu'elle remet un ancien tube, on répond de toute façon en anglais. Je marque toujours que je suis content d'écouter ces anciens titres. J'accuse la chanteuse de faire des trucs qu'on aime moins.
La vie continue.
Et puis, tous les vrais fans font ça, en fait. On est comme ça.
Mais tu ne vas plus, tu ne la suis.
Plus partout. Je ne la suis plus partout. Je suis plus partout. Je devais aller la voir à Zurich cette année, mais comme tous mes amis sont revenus avec le Covid de chaque concert, j'ai dit « Non, je ne ferai pas cette bêtise ». J'ai regretté. Je l'ai vu 50 fois jusqu'en 2019. Il y a pas eu de 51ème, tant pis, mais ça va venir. Ça va venir. J'écoute aussi, je vais voir d'autres concerts, il n'y a pas que cette chanteuse. Mais j'ai un peu lâché. Je me suis accroché à... Si j'analyse ma propre vie, ces cinq ou six ans ou sept ans où j'ai suivi cette chanteuse, il n'y avait pas qu'elle, j'allais voir d'autres chanteurs, chanteuses ailleurs. Je me dis, mais je pense que j'ai eu besoin d'un énorme lien social pour me sortir de cette maladie.
Je pense.
Que ça m'a aider à la guérison, je suis persuadé. Je ne pense pas, je suis certain. D'autres ont employé d'autres moyens, ont employé.
N'importe quoi. Mais toi, tu as trouvé ton chemin. J'ai trouvé mon chemin.
Oui, pas sans aide externe. L'aide externe, c'était mon pour une, c'était la chanteuse.
Mais c'était toi la force intérieure, le moteur intérieur, il est en toi, en fait. La foi, elle est vraiment en nous.
C'est vraiment... Ce qui me fait le plus peur, c'est que si le conseil, lui, devait revenir au même endroit, là, j'aurais peut- être plus de crainte. Je ne sais pas, je ne peux pas savoir comment je réagirais.
Un.
Jour après l'autre. Un jour après l'autre, un pied devant l'autre.
Et puis rester branché à notre cœur, c'est notre moteur. C'est ça, Pascal ?
On a tellement de chance, c'est de rentrer à midi ou le soir et puis dire à mon épouse que je l'aime. On arrive encore après ces années de mariage, mais j'aimerais que tout le monde entende ça. Mais accrochez- vous, il faut continuer. Il y a … On a eu des hauts et des bas, mais on n'a plus que des hauts. On s'embête, on ne s'engueule jamais. C'est rare, c'est rigolo. De toute façon, quand on s'engueule, c'est moi qui vais vers elle lui dire pardon parce que c'est toujours de la faute de l'homme.
C'est vrai ? C'est vrai ça ou c'est.
Un mythe ? Non, ce n'est pas un mythe, c'est vrai. C'est un caractère très pétendaire. Je peux partir au quart de tour, je peux m'énerver pour rien. Je ne suis pas du tout patient, pas du tout patient. Je ne peux pas faire un PULSE, je ne peux pas monter un Lego. Je ne peux pas. Je ne peux pas jouer à une PlayStation ou je ne sais pas quoi, la manette va exploser trois minutes après. Alors que c'est un métier où il faut être excessivement patient. Et je le suis.
Incroyable.
Donc ça, c'est de là que partent toutes les disputes. Les petites disputes partent de mon caractère impulsif.
Merci Pascal, en tout cas. Merci.
J'espère que ça va en te service à d'autres personnes.
Certainement. J'en suis même sûre.
Très bien. Merci.
Merci, Jeanine. Parentalité au présent est un espace où la parole se libère et les cœurs s'ouvrent. Rendez-vous sur parentalitéau présent. Com et retrouvez- vous dans un des nombreux épisodes disponibles. Restez en lien en rejoignant les abonnés contributeurs et participer aux discussions mensuelles où nous échangeons autour des divers thèmes abordés avec mes invités. Merci pour votre écoute. Je me réjouis de vous retrouver la semaine prochaine. Oui.
-là.
Tout à l'heure. Tout à l'heure.